« Reconquête industrielle! Maintenant ou jamais »

Le Groupe des Fédérations Industrielles (GFI), la Fédération des Industries Mécaniques (FIM), l’Union des Industries Textiles (UIT) et le Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI) ont organisé le 28 février 2017 un débat sur le thème « Reconquête industrielle : maintenant ou jamais ! ». Au cœur de ce débat, la compétitivité et l’enjeu que constitue la réforme de la fiscalité de production.

Pas de ré-industrialisation française sans allégement des taxes de production françaises. C’est le constat fait par les participants au débat : Denis Ferrand, Rexecode, Sarah Guillou, OFCE, Yves Dubief, UIT, Henri Morel, UNIQ (membre de la FIM). Entre 4% et 8% de la valeur ajoutée des entreprises sont captés par ces taxes, explique Henri Morel, également président du Groupe Dom Security, qui a identifié entre 19 et 22 taxes de production directes dans ses entreprises et près de 150 indirectes. « Les impôts pesant sur la production sont trop nombreux. Il serait plus logique d’en supprimer certains ainsi que la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) et conserver le taux de l’impôt sur les sociétés intact. Partager les bénéfices est normal. Taxer les investissements qui permettent de relever la valeur ajoutée du Made in France est antiéconomique » complète Bruno Grandjean, président de la FIM.

 

Certains dispositifs ont eu des effets positifs qu’il faut pérenniser. Le Crédit Impôt Recherche permet de développer l’innovation. Les effets du  CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) sont plus difficiles à mesurer selon Sarah Guillou, Directrice adjointe de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques, qui précise que ce crédit d’impôt n’a bénéficié à l’industrie qu’à hauteur de 20 %. Pour être vraiment adapté aux PME et ETI industrielles, il doit être déplafonné. Plus largement, la Directrice adjointe de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques, a annoncé le lancement d’un projet d’harmonisation fiscale au niveau européen.

Pour autant, les chefs d’entreprise présent ont tenu à ne pas minimiser leur rôle : Elizabeth Ducottet, société Thuasne, a insisté sur le fait que « nous assistons à une transformation de l’industrie et qu’il faut s’accrocher au milieu de ce bouleversement ». Bruno Grandjean président de la FIM est convaincu «  les chefs d’entreprise doivent aussi se remettre en cause dans leur organisation, l’industrie n’est pas une nostalgie ».

 

Ce que répondent les candidats invités

Eric Woerth, représentant de François Fillon, Laurent Baumel, représentant de Benoît Hamon et Bruno Bonnell, représentant d’Emmanuel Macron ont répondu aux industriels sur ces thématiques. Les représentants des candidats se sont montrés frileux concernant la suppression des taxes de production, qui permettent le financement des collectivités territoriales.

« 40 milliards d’euros, annonce Eric Woerth, c’est le budget que François Fillon prévoit d’allouer à la compétitivité de l’industrie française. 10 milliards d’euros sont prévus sur la réduction de l’impôt sur les sociétés. Pour le candidat Républicain c’est une forme de marqueur international. ». Sur la question de taxe sur les robots, Laurent Baumel répond « Le débat porte sur le niveau et les assiettes : la taxe sur les robots est un transfert de fiscalité, un transfert de prélèvement du travail vers la valeur ajoutée. ». Pour Bruno Bonnell « la simplification des taxes et le temps long sont des obsessions du mouvement En marche. La baisse de l’IS à la moyenne européenne de 25% sera progressive et immédiate. En complément, l’ISF concernera uniquement les biens immobiliers ».

L’échange se poursuit

 

Philippe Darmayan, président du GFI a conclu la matinée en lançant un appel : « Il est indispensable de placer dès maintenant l’industrie au cœur du débat de la présidentielle. Nous avons 50 jours pour convaincre les candidats de l’importance du boulet fiscal au pied de l’industrie française. 50 jours pour que les organisations professionnelles fassent comprendre l’importance de l’investissement productif. Nous avons 50 jours pour agir et amener avec nous les jeunes, les électeurs,… J’appelle à crée une alliance pour l’apprentissage de demain, à nous structurer au niveau fédérations industrielles pour nous engager dans le débat. »